Théo Gorin
Né en 1994 et habitant à Marseille, Théo mène d’abord une activité de recherche en sciences sociales à l’ qui porte sur le théâtre d’improvisation et le processus créatif spontané, sous la direction de Michel de Fornel. Il s’appuie sur une méthodologie conversationnaliste d’inspiration ethnométhodologique, via une analyse bicéphale s’intéressant à la fois à l’interaction scénique et au travail d’atelier en amont. Dans le même temps, Théo est comédien, improvisateur, clown et docteur en sciences du langage. Il est aussi formateur en improvisation théâtrale, discipline qu’il pousse dans des hybridations foisonnantes.
— Dans le cadre de sa 5ème saison – l’équipe du StoryTANK a souhaité tenter une nouvelle expérience, sous la houlette de 6 chercheurs captivés et captivants. Il s’est agi de tester et filmer le surgissement d’idées de récits dans des dispositifs expérimentaux créés par LA FABRIQUE DES MONDES, dispositif unique en Europe qui se construit au Groupe Ouest depuis 2023, sous l’égide du Ministère de la Culture français.
L’expérience a été proposée à 6 scénaristes ou cinéastes, venus de 6 pays d’Europe. Le StoryTANK permet ici d’explorer et éclairer la pratique.
Décryptage, ci-dessous, par Théo Gorin, au fil de son retour d’expériences.
LA GROTTE
COMPOSER LE RÉCIT : CHEMINER DANS L’HISTOIRE
«Toutes ces images ne sont, en aucun cas, une fin en soi mais un moyen de transport.»
Dans la Grotte, coupler la recherche d’images via l’intelligence artificielle avec un matériel iconographique que tu dois créer, par les magazines, par le découpage… ouvre des possibilités nouvelles, en permettant d’entrer tout de suite dans l’univers visuellement, et en même temps de ne pas y rester bloqué. C’est une sensation rare, une ambiance unique.
Il y a vraiment l’idée de chemin, une logique de cheminement plus importante que le résultat à la fin, avec une pratique proche de l’improvisation. Avec la force de la conversation au cœur de ce qu’on est en train de faire, la base même de la collaboration dans la composition du récit.

FAIRE LE RÉCIT : LE PRENDRE, LE DÉCOUPER, LE RASSEMBLER
«Avec la Grotte, on arrête de se dire que l’idée est seulement cérébrale, l’idée est aussi en-dehors de soi-même: elle est là.»
Dans la Grotte, il y a quelque chose de l’ordre du jeu qui est hyper jouissif à regarder autour du faire: prendre, découper, afficher. L’ensemble du corps est alors engagé. On arrête de se dire que l’idée est seulement cérébrale, l’idée est aussi en-dehors de soi même: elle est là.

LA CHAMBRE NOIRE
FIGER LE TEMPS POUR FAIRE AVANCER LE RÉCIT
«Dans la Chambre Noire, le temps n’a plus d’effet.»
Au moment où ils entrent dans la Chambre Noire, je partage à voix haute: «On dirait des spéléologues qui vont entrer dans un lieu où le temps n’existe plus, et qui vont réapparaître comme si c’était vingt ans plus tard». Le temps n’a plus d’effet puisqu’il s’arrête, se fige.

LA FABRIQUE DES MONDES
NARRER LE RÉCIT POUR LE COMPOSER
«En étant pas seulement une caméra, l’auteur·trice, en tant que scénariste, se balade dans son univers.»
Dans LA FABRIQUE DES MONDES, il est question d’un voyage intérieur du récit où l’on digère en soi, puis un travail de publicisation où l’on partage le récit en cours de composition avec quatre possibilités de raconter: se positionner en tant que narrateur extérieur, personnage en situation, personnage qui raconte et qui décrit, ou narrateur qui déambule – en étant pas seulement une caméra, mais véritablement l’auteur·trice qui, en tant que scénariste, se balade dans son univers.
